vendredi 29 juillet 2011

Machine Humaine



Remedios Varo, "La plante insoumise" 1961.


Je ne peux plus, je prends 30 minutes pour écrire ce billet et puis je reprends ce que j’ai à faire …

Il me semble que je suis entrain de passer par ses périodes sensibles ou la conscience, sans préavis et sans raison apparente, s’est décidé subitement à s’aventurer sur des terres défendus ... Suis-je entrain de passer par une crise existentielle ? non je ne le pense pas, j’ai toujours considéré l’existence comme une crise permanente et je ne m'en plains pas. Au contraire, malicieusement, je ressens une forme de plaisir d'être au cœur d’une tragédie sans fin...


Je suis une informaticienne , j’exerce un de ces métiers insignifiants inventé par notre société moderne, n‘ayant aucune utilité que nous trouver de quoi nous occuper et faire tourner la roue d'une croissance économique durable et tous ces détails de l'utilité de mon travail que je n’ai jamais réussi a saisir .

J’occupe un des postes rêvé par des milliers de jeunes paumés par la vie et qui voient dans ma carrière un idéal à suivre. Pourtant , la seule gratitude que j’accorde à mon travail c’est mon salaire que j’attends impatiemment chaque deux semaines .


Oui je travaille pour gagner de l’argent, et j'ai beau cherché autre motif mais je ne trouve aucun. Peut être lors d’une soirée mondaine je dirais que je me félicite de cette autonomie. Féministe tel que je suis , j’irais même dire que le travail est un droit fortement contesté et que je le fais personnellement pour s’affirmer en tant que femme indépendante qui participe activement a la construction du pays. Pire encore, si j'étais en présence de futurs employeurs j’aurais pu être meilleure comédienne , faire l'intéressante et exprimer une joie pitoyable a apprendre des langages de programmation et passer des heures entières devant mon petit écran a découvrir une nouvelle framework.


J’ai connu le chômage, j’ai frôlé le vide et la lassitude de ne rien faire et j’ai connu de prêt le sentiment de sentir futile et ne servant a rien . Aujourd’hui me voila au bureau et rien n’a changé. Peut être quelques sous qui me garantissent une forme de sécurité et un peu de respect aux yeux de mon entourage . Sinon le reste est toujours la , avec le temps ma lassitude est même devenue plus âpre , plus intense.

Maintenant je me sens semblable a la machine que je côtoie plus que 8 heures par jours . Comme elle , je suis sujette a des critères de performances et je risque de me faire remplacer si jamais je ne remplie pas les normes de l'évaluation . Ma machine est multitâche, et moi aussi . J’ai devant moi deux écrans pour remplir suffisamment mon champ visuel et m’occuper le mieux possible.

Toutes les deux on est rigoureuses mais on peut être interrompue a chaque seconde pour se plier aux ordres de nos chefs...et on fait qu’exécuter , docilement , sans objection.

Oui , je me retrouve beaucoup plus proche de cette machine qu'un individu que je peux croiser dans la rue , un lien organique est tissé entre nous . A mon image, ma machine est orné d'un bureau chaotique avec des conneries de tous genre. De ma machine ,j'ai hérité une mémoire volatile ...devant le petit écran j'ai fini par ne plus s’émerveiller , tous est devenu banal et laid ...


C'est drôle , j'ai l'impression d’être comme un médecin qui développe soudainement une aversion pour les instruments de son métier ...Ironie du sort!!


Non mais deja pourquoi je médite sur tout ça? Est-ce mon regard profane qui me pousse a écrire de telles atrocités sur mon sujet ou c’est un vil caprice d’un cadre nostalgique a la misère de sa jeunesse ?


J'envie mon collègue , oui je l'envie , il a l'air de faire son travail paisiblement en écoutant sa musique sans rien remettre en question ... pourquoi c'est si compliqué pour moi ?

Se poser des questions , quelle arnaque divine !!





Dieu créa l'infâme et l'infâme créa le bourreau




4 commentaires:

  1. J'apprécie...(comme d'habitude:). Sinon, pour pousser l'ironie à son extrême, rappelle toi de ce que disait la pancarte sur le portail d'Auschwitz : "Arbeit macht frei"

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  2. Arbeit macht Frau frei, c'est encore plus ironique :D

    j'ai constate depuis quelques semaines que tu as ferme de nouveau ton blog , quel gachi :/
    mais bon tu as surement tes raisons pour le faire

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  3. "Frau Frei" : bien vu.

    Le blog... que dire? C'est le silence de ma vacuité ontologique :)

    Et comme disait un certain ludwig wittengstein: "Ce dont on ne peut pas parler, il faut le taire".

    A bientôt

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  4. Mon amour, ta plume est toujours aussi profonde, spontanée et agréable a llire. Cependant j ai une petite objection quant a linutilté prétendue de ton travail. Dans l absolue tout est inutile ma chérie, tout est futile. Tu objectera que le travail d un médecin est plus utile que celui d un informaticien, car la médecine a permit de réduire le taux de mortalité moyen pour le bonheur de l humanité. Mais mon coeur, le taux de mortalité individuelle est toujours le meme, il est égale a un, puisque chaque personne fini toujours par mourrir. C était vrai il y a mille an ca l est encore aujourd hui. La medecine a donc permit de prolonger la durée de vie, mais est ce que cela a un sens?? Les italiens disent :"Il vaut mieux vivre un jour comme un lion que cent ans comme un mouton" C est donc l intensité de la vie qui compte et non la durée, et a ce titre prolonger la vie dilue en quelque sorte l intensité.
    Seconde chose, tu te presente comme une informaticienne, alors qu en réalité tu fais de l informatique a coté d un tas d autres choses. Depuis que je te connais je n ai jamais vu en toi une informaticienne, par contre j ai vu en toi une personne qui déborde de vie, de passions, de curiositè, d intelligence, de beauté, de charme, de culture,...
    Tu dis que tu le fais pour l argent, quel mal y a t il a cela? qulqu un a dit "que l argent est un bon seviteur mais un mauvais maitre", l argent doit etre un moyen et non une fin, quand il est une fin, c est a dire un maitre, il devient tyranique, il rend fou, or, je te connais assez bien mon amour pour savoir que tu ne considère l argent que comme un moyen, un moyen d autonomie, de liberté, tu est trop rafinée pour qu il en soit autrement.
    Dissipe cette méloncolie cherie, ne vois plus l inutilité prétendue de ton travail comme une fatalité, car ta vie ne se résume et ne résumera jamais a cela.
    ""Je n'aime pas le travail, nul ne l'aime ; mais j'aime ce qui est dans le travail l'occasion de se découvrir soi-même."" Joseph Conrad
    Je t aime mon amour...
    Rachid

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