"Le plaisir du troupeau est plus ancien que le
plaisir de l’individu. Et tant que la bonne conscience s’appelle
troupeau, la mauvaise conscience seule dit : Moi" Nietzsche
Je
devrais s'interroger plus sur des sujets qui concerne l’actualite ou
qui rendent hommage aux simples plaisirs de la vie mais en cette
heureuse période de l’année, je sens que je me retourne encore une fois
vers moi même .
Après
quelques discussions fort intéressantes attrapées au coin d'un forum
virtuel, après quelques lectures et après quelques rencontres marquantes
, j'ai l'impression que c'est ce que je dois faire. Je n'ai que
récemment été si intéressée par l'individualisme et j'ai encore beaucoup
de réserve, mais plus je vieillis, plus le temps passe, plus je sens
que c'est ainsi que le monde fonctionne .
J'étais
jadis une femme louant la communauté et mon idéal toujours existant
était d'élever l'esprit du monde par l'art , la science et la
philosophie . Mais lentement, cet idéal, ce but se transforme au même
rythme que moi. Je veux toujours voir le monde danser sur la même mélodie vibrante que me chantait ma tendre jeunesse, mais maintenant
je réalise que vouloir retranscrire ce rêve n’est que le fruit d’une
simple vision personnelle et je dois en vouloir a personne si l’on
partage pas mon désir d’étendre ma vision utopique. Cette harmonie que
mon esprit voulait voir envelopper tous les aspects de la communauté, se
veut maintenant toucher un individu. Je me désintéresse de plus
en plus de la foule et du destin du pays pour chercher les grandes âmes
et des individus dans leur simplicité de tous les jours .
Ce
sont peut-être mes expériences qui me transforment ainsi. Il arrive
qu’on se trouve face à un mode de vie, de gestion de la sociabilité, qui
m'intrigue. Vivre comme si nous étions le centre de notre monde et
organiser les choses en conséquence, c’est loin d’etre l’essence de ce
que je suis et pourtant le monde nous oblige a fonctionner ainsi .
J'étais peut-être trop tournée vers les autres, trop altruiste, trop
oublieuse de moi-même. Pour je ne sais quelle raison, la vie m’a remis
sur un chemin que j'avais quitté sans le savoir.
D'un
coup, l'individualisme me paraissait indépassable. Il me paraissait
être le fruit de la sagesse commune. Parfois je pense même que c'est la finalité suprême de l’évolution de la conscience humaine .
À
y réfléchir, je remarque la présence de cet individualisme dans mes
écrits. Il semble d'une certaine manière la base et le fondement de
plusieurs de mes concepts ou de la lignée de ma conduite. Je m’intéresse fortement a la tourmente des âmes, ça m'arrive de s’intéresser au sort d'une personne perdue dans un monde incompréhensible. Mais tous çà c'est surfait en apparence , c'est pas la douleur ou la beauté de la situation qui m'attire, c'est plutôt, l’aspect pur de l'humain qui s'agite dans son environnement, c'est la lutte quotidienne de l'individu contre des emprises qui lui sont imposé par le conflit entre son monde intérieur et son monde extérieur.
J'ai l'impression que les
grandes oeuvres de la littérature ont été individualistes sans traiter simplement de la
douleur d'une âme. Je pense ici aux "Carnets du sous-sol " de
Dostoïevski qui dresse le portrait d'un homme seul qui souffre dans sa conscience. Au
premier niveau, c'est un homme seul tourmenté, mais il y a un autre
sens, il y a une force au-delà de cette individualité . Une sorte de lucidité ou le héros se définit comme le témoins et le fruit des maux du siècle. Je ne saurais pas
vraiment pointer ce qui fait passer l'individualisme à un autre niveau.
Peut-être est-ce le passage entre un individualisme nombriliste et un
individualiste cosmique, stellaire qui accepte que la force du monde
vienne de la gravité. Qu'il est donc nécessaire pour vivre une individualité solaire d'avoir
son système de relation, de satellite plus ou moins loin. Une sorte d'individualisme qui se lie intimement a la cause humaines et qui lui reste fortement attachée, sans se fondre dans le moule du conformisme que nous impose la communauté.
Je
ne sais maintenant ce qui est vrai, ce qui ne l'est pas. Ce que j'écris
n'est qu'une réflexion fugitive. La journée se termine sur la même confusion
que j’avais au début , mais je vais prendre, entre autres, disons pour
l’instant, l'individualisme vaut mieux qu’il soit comme armure, comme je
prends mes sentiments comme guide et la raison comme lumière .