mercredi 9 mai 2012

La vertu fantômatique





On parle souvent de "Vérité" comme si c'était quelque chose de tangible qui existe depuis la nuit des temps et qui reste accessible par une simple reconnaissance des faits ou par l'Adhérence a un héritage culturel, scientifique ou même religieux. Chacun construit sa propre réalité, sa propre formule de bonheur et y croit profondément au point de l'élever au niveau des convictions finis. Mais avant tout , que la vérité existe ou pas , d'où vient cette soif de désir de savoir absolu? Est-ce un instinct ? Pourquoi préfère-on la vérité à l’erreur, la réalité a l’illusion, la simple apparence a la complexité intérieure ?

Pour Nietzsche, une telle volonté de vérité ne vient pas d’autre chose que d’un désir de sécurité, de la crainte provoquée par l’incertitude et l'infini ambiguïté qui régit notre monde. Elle n’est donc jamais que le symptôme, le déguisement subtil d’un instinct de faiblesse. Telle est l’idée provocante et redoutable que Nietzsche nous oblige à regarder en face. «Ne serait-ce pas l’instinct de la peur qui nous commanderait de connaître? Le ravissement qui accompagne l’acquisition de la connaissance ne serait-il pas la volupté de la sécurité retrouvée?» ( Gai savoir paragraphe 355) ".

Donc, selon Nietzsche le désir de sécurité prime sur la volonté d’accéder a une connaissance lucide, on cherche éperdument a échapper aux absurdités et de retrouver une existence rassurante et harmonieuse. l'Homme au fin fond de lui même aspire a un sentiment de sûreté qui va de soi avec sa prétention la plus démesuré, celle d'attribuer a ce monde un sens élévatoire bénissant notre condition Humaine. Au coins les plus reculés de son âme, l'Homme garde en lui l'essence du premier primate que la terre a connu .
Admettant que Nietzsche avait raison et que la quête de la vérité n'est qu'une ruse que notre conscience collective a inventé pour balayer l’étrangeté de ce monde et son caractère éphémère. Quel avenir reste-il a un Homme convaincu de l'absence des repères communes ? Faut-il adhérer quand même a une série de convictions reconnus par notre société ou le mieux serait de vivre une errance infinie ou l'on s'abandonne à son ignorance et aux lois imprévisibles qui définissent notre quotidien et mode opératoire ?

Les plus endoctrinés croient la détenir et refusent catégoriquement l’existence d'une autre vérité qui fragilise la tour protectrice qu'ils ont bâtit autour de leurs certitudes . Les pragmatiques, s’accordent le bénéfice du doute et peuvent aller même jusqu’à nier son existence .
Faut-il jouer le jeux ?
Personnellement, j’adhère à l'approche soufi qui identifie dans ce monde deux sortes de chercheurs de vérité , ceux qui préfèrent pêcher dans les rivières ou ruisselle l'eau douce et coule entre deux bornes , ceux là, ce sont les hommes de tradition, des hommes de loi qui préfèrent toucher à la vie dans un milieu sûr et connue , de l'autre cote y'a les plongeurs qui ont du goût pour le danger et les océans. Ils descendent dans les fonds sous-marins pour pêcher des perles , ceux là, sont les philosophes .

Pêcheurs ou Plongeurs, peu importe , les deux baignent dans l'eau...

2 commentaires:

  1. A propos de Nietzsche: je lis ces jours-ci un roman qui s'appelle: "Et Nietzsche pleura" d'Irvin Yalom, et qui raconte la rencontre "qui aurait pu lieu" entre Nietzsche et le Dr. Breuer, le mentor de Freud. c'est pas mal du tt, et ça éclaire pas mal de choses.

    A propos de vérité, André compte sponville dans un livre qui s'appelle "L'amour, la solitude" dit ceci: "il ne s'agit pas de croire à la vérité. il s'agit de connaître. la vérité ne commande pas, ne juge pas, ne nous aime pas,ne promets rien et n'annonce rien. la vérité n'est pas Dieu. Elle est sans amour et sans pardon. Et nous devons l'aimer gratuitement, sans retour, en pure perte et désintéressement; juste par ce qu'elle est vérité"... même si elle est désagréable, amère et tragique"

    Aussi, il y a cette belle phrase du même livre: "Il y a bien des années, quand je me piquais encore un peu de littérature, je me souviens avoir écrit une nouvelle très courte, la plus courte que j'aie jamais écrite, et dont je crois qu'elle fut aussi la dernière. Elle tenait en une phrase, et devait s'appeler Le sage. La voici : "Tout à la fin de sa vie, le sage comprit que la sagesse non plus n'avait pas d'importance." C'était encore de la littérature. Que la sagesse n'ait pas d'importance, la plupart le comprennent bien avant, qui ne sont sages qu'à cette condition. La sagesse n'est qu'un rêve de philosophe, dont la philosophie doit aussi nous libérer. La sagesse n'existe pas : il n'y a que des sages, et ils sont tous différents, et aucun bien sûr ne croit à la sagesse..."

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  2. Tout à la fin de sa vie, le sage comprit que la sagesse non plus n'avait pas d'importance. :)) ça me rappelle Siddhartha , lui qui a compris que "Le contraire de toute vérité est aussi vrai que la vérité elle même ! "
    Voici un des plus passage du livre : Une vérité lorsqu'elle est unilatérale, ne peut s'exprimer que par des mots; c'est dans les mots qu'elle s'enveloppe.Tout ce qui es pensée est unilatéral ; tout ce qui n'est que moitié ou partie, manque de totalité, manque d'unité; et pour le traduire y a que les mots ...
    Quand le sublime Govinda parlait du Monde dans son enseignement, il était obligé de le diviser en erreurs et en vérités, en souffrance et en délivrance .On ne peut faire autrement et pour qui enseigne , il n'y a pas autres voie à suivre . Mais le monde en lui même , ce qui existe en nous et autour de nous , n'est jamais unilatéral.

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